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Beauté féminine sous influence
10 février 2018

L'évolution des normes de beauté chez la femme depuis le XXème siècle

          Début XXème : le corps féminin sous contrainte mécanique

 

Tête haute, pieds fins, buste droit, silhouette cambrée, taille de guêpe... la beauté pâle à l'aube du XXème siècle est encore l'objet de nombreuses contraintes pour obtenir un corps qui rentre dans la norme d'une société définie par l'homme. Pour répondre à des critères extrêments sévères, le corps féminin est remodelé, notamment au niveau de la taille et des seins, afin d'avoir une silhouette qui soit en accord avec la mode de cette époque. 

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En France, depuis de nombreux siècles, dans les classes plus élevées de la société, les corps de petites filles ont été  rigidifiés, enserrés dans des corsets, dans le but de « remédier à une fragilité et une mollesse considérées comme naturelles chez la femme » et de protéger le corps grâce à un renforcement artificiel. Le corset en particulier existe depuis des centaines d’années et ravage le corps féminin. Lacé jusqu’à l’obtention d’une taille de guêpe, il comprime les poumons en resserrant la cage thoracique, laissant les femmes presque au bord de l’évanouissement. Il n’est pas rare que certaines subissent une opération pour de débarrasser de leurs côtes inférieures pour avoir une « ligne » encore plus parfaite.

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L'image ci-dessous établit une comparaison entre le squelette d'une femme de l'Antiquité et celui d'une élégante arborrant un corset. Le corps féminin représenté à gauche a suivi un développement naturel et se retrouve libre de toutes contraintes : la cage thoracique est large, et donc ne compresse pas les organes de la jeune femme. Tandis que, chez la femme de droite, le corset a comprimé les côtes, modifiant toute l'anatomie du corps au niveau du tronc.

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Le corps féminin sous contrainte mécanique a toujours été une norme jusqu’alors, excepté une brève période de liberté durant la Révolution française, vite réprimée par le retour de la monarchie. La grande libération du corps féminin commence à voir le jour dans le monde anglo-saxon. Il est souvent apparenté avec l’apparition de mouvements féministes qui naissent notamment aux États-Unis et en Angleterre, et qui se battent pour une libération complète de la femme, tant physique qu’intellectuelle. Les corsets et autres objets de tortures sont relégués au placard, tandis qu’est prôné un développement « naturel » du corps féminin dès l’âge tendre.

Cette vision des choses se popularise dès la fin du XIXème siècle, notamment grâce à des militantes féministes comme Mrs Amélia Bloomer, qui prône une réforme vestimentaire visant à libérer la femme du carcan qui l’emprisonne. Elle privilégie la jupe courte enfilée par-dessus un pantalon à la turque, ainsi qu’une tunique qui rend à la femme une liberté de mouvement et un confort que n’offrent pas les robes de l’époque.Le port de cette tenue, considérée par certains d’une « indécence choquante » remporte rapidement quelques suffrages au sein de la gente féminine.

 

          Un changement radical avec l'apparition de la "garçonne"

 

La Première Guerre Mondiale marque un tournant dans la mentalité féminine. Dès le début du conflit, les femmes participent activement à l'effort national : elles se mobilisent pour faire le travail à la place des hommes partis sur le front, et accèdent de ce fait à certaines activités professionnelles jusqu'alors exclusivement masculines. C'est alors que beaucoup de choses basculent dans la vie des femmes. Au sortir du conflit, elles sont licenciées mais refusent de retrouver la même place qu'auparavant. Elles ont longtemps remplacé les hommes et se sentent capables de remplir les mêmes obligations qu'eux. La femme veut travailler, faire des études, obtenir des diplômes, s'intégrer dans la vie sociale et politique du pays. Mais surtout, elle veut vivre, et profiter de la vie : danser, s'amuser, faire du sport, s'habiller comme elle le souhaite. La femme s'émancipe.

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Les « garçonnes » apparaissent dans ce contexte très particulier. Ce courant de mode prend son essor pendant les années folles, entre 1919, fin de la première guerre mondiale, et 1929, début de la crise économique et sociale qui bouleversa l'Europe.

C'est en juillet 1922 qu'apparaît le roman de Victor Margueritte, La Garçonne. Publié le jour où le Sénat refusa le droit de vote aux femmes, ce roman d'avant-garde, vendu à 600 000 exemplaires, connaît un immense succès et est également l'objet d'un scandale sans précédent.

Le personnage principal du récit, Monique, vêtue comme un homme, cheveux coupés courts, fumeuse, droguée, débauchée, parfois lesbienne, s'oppose formellement à la femme féminine des années 1900. Ce livre fut qualifiée de pornographique, et l'égalité homme-femme qu'il revendique a beaucoup choqué. Suite à cette publication, la « garçonne » a été le synonyme de la femme émancipée, affranchie des préjugés d'une société exclusivement masculine, libre de mouvements comme de mœurs. 

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C'est l'actrice américain Louise Brooks qui est considérée comme l'archétype parfait de la « garçonne ». Coiffée « à la chien », sa coupe de cheveux carrée avec frange deviendra un symbole. Sa silhouette et son visage d'une beauté irrégulière, ainsi que ces succès cinématographiques contribueront à faire d'elle une icône des années 1920, avec d'autres stars hollywoodiennes, comme Marlène Dietrich ou Greta Garbo.

En France, c'est Coco Chanel qui répandra le look « garçonne ». Privilégiant le androgyne, les modèles qu'elle crée sont inspirés de la garde-robe masculine, comme le mythique « blazer ». L'allure de la « garçonne » correspond à une silhouette longiligne, les seins et les fesses aplatis pour obtenir des contours plus neutres. 

La pratique du sport contribue à affranchir le corps du corset et autres sous-vêtements contraignants, contestés par les hygiénistes et les féministes. La nuque est dégagée par une coupe de cheveux courts. Enfin, les jupes sont raccourcies, laissant apparaitre les genoux. Certaines se risquent même au port du pantalon. D'autres encore ne reculent pas devant le monocle, le nœud papillon et le chapeau melon !

 

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Sur d'un point de vue pictural, de nombreuses oeuvres sont repésantatives de ce courant. Figurant ci-dessus à gauche, Suzanne de Kees Van Dongen, peinte vers 1925,  correspond tout à fait au portrait de la femme mince, grande, poitrine plate, cheveux courts et yeux en amande, telle qu'elle est décrite par Margueritte dans son roman.  Sa féminité n'apparaît que par le biais du maquillage et le port d'un discret collier de perles. Tamara de Lempicka illustre également la garçonne des années folles de manière remarquable avec son Portrait de la Duchesse de la Salle, situé à droite. Le cubisme de son oeuvre met bien en relief le corps androgyne de la duchesse, les formes neutres et voilées par le port du costume masculin, son visage inexpressif et uniforme, encadré par une chevelure très courte, typique chez la garçonne.

Cette mode de la « garçonne » a beaucoup choqué au XXème siècle, car elle était aux antipodes  de l'image de la femme, mère dévouée et épouse soumise, telle qu'elle était encore représentée au début de ce siècle. Les « garçonnes », souvent des demoiselles aux moeurs libres, ont fait l'objet de nombreuses critiques de la part de leurs contemporains.

La « garçonne » n'est pas qu'une mode : c'est aussi la naissance de la femme moderne et émancipée, qui rejette les préjugés d'une société encore régie par les hommes. C'est une toute autre représentation du genre féminin qui est donnée.

 

           Une progression des normes entre les années 30 et 50 : du krach boursier à l'après-guerre

 

Les exentricités de la mode se ralentissent un peu avec la crise économique de 1929. La mode des années 30 se replie sur une garde-robe plus conventionnelle et plus féminine avec le retour du classique tailleur pour la journée, tandis que les robes longues et moulantes sont réservées pour les soirées. Cependant le pantalon gagne en popularité grâce à la pratique du sport. Une nouvelle pièce vestimentaire fait également son apparition avec l'arrivée de congés payés en 1936 : le short. 

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La mode se modifie à nouveau sous l'impulsion de la seconde guerre mondiale. En raison du manque de matière première, les vêtements féminins vont être totalement revisités. Les épaules s'élargissent tandis que la taille est soulignée par le port d'une ceinture et que l'ourlet remonte de quelques centimètres pour économiser un maximum de tissu. En effet, celui-ci devient coûteux et ne permet pas une affluence de falbalas, de plissés et de traînes longues. Le tailleur reste un incontournable dans la garde-robe de ces dames. Le cuir devenant extrêment rare, les souliers féminins sont remplacés par les sandales avec des semelles en liège. Les bas quant à eux disparaissent, parfois remplacés par des pommades et des traits de crayons gras pour « faire semblant ». Par contre, les coiffures sont très élaborées, dernière élégance que la guerre ne peut interdire. 

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Après le choc de la Seconde Guerre Mondiale et ses années de rationnement, de privations, les femmes rejettent la minceur comme le synonyme de tout ce qu'elles ont souffert. La taille fine reste à la mode, mais la beauté parfaite exige une poitrine généreuse, des formes pulpeuses et sensuelles... C'est le "glamour" qui fait son apparition sur la scène de la mode. On appelle les femmes représentatives de cette beauté sensuelle « pin-up girls », ce qui se traduit par « jeunes filles épinglées au mur », à une époque où les posters de stars et de mannequins commencent à se diffuser sur les murs des chambres. Elles sont souvent photographiées dans des pauses sexy et attirantes et donnent une image rassurante et maternelle de la femme. Marilyn Monroe demeurera parmi les plus célèbres "pin-up" des années 50, avec sa beauté blonde et pulpeuse, ainsi que l'actrice Audrey Hepburn.

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Sous l'occupation, les maisons de haute couture françaises, comme Dior et Channel ont dû ralentir leurs activités. Elles reprennent avec la création de nouveaux modèles qui viennent souligner les formes de ce canon de beauté d'après-guerre. Les femmes cherchent à retrouver un aspect féminin et ne reculent pas devant des robes qui dénudent les épaules et dévoilent légèrement la poitrine. Les jupes se rallongent et prennent de l'ampleur, notamment grâce à Christian Dior et à sa collection "Corolle" qu'il livre au public en 1947. 

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Des nombreux accessoires s'élèvent dans le firmament de la mode et s'établissent comme des incontournables des 50's. On retiendra notamment le célèbre col claudine, les bibis, la robe corolle et les longs gants, synonyme de l'élégance la plus élémentaire !

 

          Des 60's aux 90's : les années marquantes

 

Les Sixties vont marquer un tournant dans l'histoire de la mode. La femme cherche à nouveau à s'émanciper, et cette volonté se traduit par une mode novatrice : on essaye de nouvelles coupes, des matières différentes, des couleurs explosives... sans oublier la longueur qui connait de sensibles changements ! 

Les années 60, c'est l'arrivée sur scène des Beatles et de Johnny Hallday ! La guerre est complètement oubliée et les grands couturiers puisent leur inspiration dans l'art, la musique et le cinéma. La mode tend à faire partie d'une culture, comme le prouve Yves Saint-Laurent avec la création de sa robe Mondrian, dont les motifs imitent le célèbre tableau. Les formes géométriques s'incrustent dans le collection des grandes maisons.

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Les années 60, c'est aussi Youri Gagarine et la conquête de l'espace ! La mode se veut futuriste, et emploie pour cela de nouvelles matières, comme le plastique, le métal et le tissu lamé, dont les reflets durs et métalliques fascinent un public épris d'espace et de conquêtes spatiales ! Voisinant avec le "pop orange", le blanc dit "futuriste" fait son apparition dans la garde-robe féminine.

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Enfin, la couturière anglaise Mary Quant propose une toute nouvelle interprétation des formes féminines avec sa mini-jupe. Celle-ci vise à mettre en valeur les jambes des femmes, et ajoute un nouveau critère essentiel à la longue nomenclature des normes de beauté féminine. Les collants et le tailleur-pantalon, adotpés par le courturier André Courrèges rejoinnent également les armoires des grandes îcones féminines du moment : Brigitte Bardot, Françoise Hardy, Jackie Kennedy, mais aussi Twiggy. Cette jeune fille s'est révélée un mannequin phare des années 60 : son corps excessivement mince, longiligne, ses formes androgynes de jeune fille à peine sortie de l'enfance en font un incontournable des Sixties. 

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« Le bon goût est mort, la vulgarité c’est tout ce qui compte ». Ainsi Mary Quant définira-t-elle la mode d'alors, provocante, sexy et agressive, et qui, s'opposant au classique et au tradintionnel, se veut libératrice.

Enfin, le courant hippie qui apparaît dans les années 70 va également influencer la garde-robe féminine. Avec les slogans "peace and love" et "flower power", c'est l'arrivée des imprimés à motifs floraux ou orientaux, des pantalons pattes d'éléphants, des robes bohèmes et des cheveux au vent. Les étoffes choisies sont fines et fluides, le corps exposé par des coupes hardies. A l'heure des revendications pro-avortements, anti-guerre et de liberté sexuelle, c'est encore une fois l'expression d'une femme qui cherche à s'émanciper et à imposer ses idées.

Les années 80 et 90 ont été les deux décennies les plus expérimentales dans l'histoire de la mode. La femme de 80 s'est affirmée dans la vie active : elle est indépendante et polyvalente. La femme ose tout, essaye tout et donne naissance à un style vestimentaire particulier qui annonce en quelque sorte la mode d'aujourd'hui. Les couturiers n'ont peur de rien : couleurs extravagantes, formes moulantes ou "oversized", tout est testé. La femme pose en superwoman et n'hésite pas à s'habiller en conséquence, avec des tenues flashies et provocantes.

 

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 Campagne du publicité pour Versace, par Richard Avedon 

 

Des épaulettes au blazer jean, en passant par le t-shirt à message, créé par Katharine Hamnett, la mode s'affirme plus que jamais comme un moyen d'expression et de revendications. 

Les années 90, quant à elles, sont largement influencées par des séries comme Beverly Hills, 90210. Le look de lycéens décontractés, avec chouchous, franges et robes moulantes à la clé a influencé le style féminin de ce temps. L'adolescente au corps longiligne s'impose comme un canon de beauté : pâle, mince, structure osseuse apparente sous le t-shirt, corps de femme-enfant sans formes qui fascine par son apparence souple et fragile. Le style dit "des rues" fait son apparition, avec la vague hip-hop et les jeans troués. La tenue sportive s'affiche. La taille "oversize" est à l'honneur, tandis que les vêtements se raccourcissent : minis jupes, tops qui laissent apparaître le ventre parfaitement plat.  

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Dix ans plus tard, Britney Spears et les Spice Girls s'installent sous les feux des caméras. Instigastrices d'un nouveau look, elles ont chacune un style personnel, qui met en valeur la femme dans toute son indépendance et sa féminité. Visages féminins, corps fins et musclés dotés de fortes poitrines... la femme apparaît dans toute son indépendance et sa fémininté. Encore sous le signe des années 90, la mode au XXIème siècle est désormais considérée comme un terrain de liberté où chacun est libre de se reconnaître et de s'exprimer. 

Même si les critères demeurent changeants et variés, Miss France 2018 est une fidèle ambassadrice de l'idéal de beauté féminine de notre époque, avec sa chevelure fluide et ondulée, son visage symétrique et ses dents parfaites.

miss france

 

Pour résumer l'importante évolution connue par la mode depuis le XXème siècle, une petite vidéo :

100 Years of Fashion: Women ★ Glam.com

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